Je ne me souviens plus vraiment de mon enfance, enfin, je ne souhaite pas m'en rappeler. Ah que c'est ennuyeux, dois-je vraiment vous la racontez? Bon apparemment, je n'ai pas le choix, vous comprendrez ma malédiction très rapidement.
Je ne peux pas vraiment vous parler de ceux qui m'ont donné la vie, puisqu'ils ont tous les deux abandonnés cette responsabilité. J'étais seulement leur gage pour ne pas perdre l'entreprise, malheureusement pour moi l'argent était la chose la plus importante dans ce monde pourrit qu'était le mien. La plupart des gens m'enviaient, moi, je voyais ça comme une malédiction. Enfin bon, revenons au début.

Je suis né en mars, j'étais un garçon joyeux. Bizarre hein ? Mais oui, j'étais un petit garçon joyeux, innocent sur l'horrible monde qu'est le nôtre. Mes parents me gardaient enfermés dans leurs manoirs, j'étais entouré de professeurs, de bonnes ou encore de serviteurs. Je n'avais pas le droit de sortir, j'étais totalement coupé du monde, mais je ne m'en rendais pas encore compte. Le soir des banquets, mes parents m'enfermaient dans ma chambre pour que je ne rencontre pas un invité. J'étais très obéissant, je ne posais pas de question. Puis un jour, comme tous les enfants curieux, j'avais envie de voir à quoi ressemblaient les vrais bals. Je sortais donc de ma chambre tout doucement en évitant tous les serviteurs. Je descendais les escaliers, et m'approchais de la grande porte. Je l'ouvrais tout doucement pour me faufiler dans la grande salle. C'était tellement beau, j'avais l'impression de rêver. Les dames étaient tellement jolies dans leurs longues robes et les hommes tellement élégants dans leur costume. Je m'avançais doucement émerveillé, avant d'entendre des mots qui me sortirent de mon doux rêve.

" Mais qui est-il ? Ses yeux... Il est bizarre. "

Je les regardais sans comprendre, leurs yeux me fixaient avec tant de dégoût. Des mots tellement blessants émanaient de la bouche de personne tellement élégante. Je ne comprenais pas, j'essayais de sortir de la pièce, mais j'étais tellement perdu que je tournais en rond. Ils me regardaient tous avec un air si répugnés, j'étais tellement différent d'eux? Au bout d'un moment, une personne m'attrapait le bras, je me retournais pour voir ma mère. Elle me sortait de la salle pour me ramener dans ma chambre. Je pensais que j'allais me faire engueuler, mais ce n'était pas le cas. Elle s'asseyait à côté de moi sur le lit, avant de poser doucement sa main sur mes cheveux afin de les caresser. Je pouvais voir de la compassion dans son regard, elle m'embrassait ensuite le front, avant de me dire doucement.

" Écoute-moi mon chéri, n'écoute pas ces personnes, elles ne savent pas ta beauté. Nous devons écouter les directives de ton père. S'il te plaît ne lui désobéit plus, je ne souhaite pas le voir énerver. Tu es un trésor très précieux, l'entreprise te reviendra un jour. Seulement, pour l'instant reste loin de tout ça..."


C'est ce jour-là que j'ai compris que la seule valeur que je possédais était seulement matérielle. Pour eux, j'étais l'héritier de l'entreprise. Seulement, je ne voulais pas de cette vie, je voulais qu'on m'aime pour ce que j'étais. C'est après cet accident que j'ai changé totalement de caractère. Je suis devenu un garçon froid, qui restait loin des autres. J'étais énervé parce qu'on faisait de moi ce qu'on avait envie, je n'étais même pas traité comme une personne. Comment on pouvait faire ça à un enfant ? Même si je n'avais jamais réellement ressenti de l'amour pour eux, j'étais quand même leur fils. Ils n'avaient pas compris le rôle de parents, je n'ai jamais connu l'amour ou autres sentiments pouvant me lier à une personne. Peut-être cela pourrait m'arriver un jour . En tout cas, je ne comprendrais jamais les hommes, ils sont les seuls à être répugnants. À mes 18 ans, je suis parti de la maison pour vivre par moi-même. J'ai décidé de devenir écrivain puisque les livres étaient les seules choses qui me donnaient un peu de plaisir au cours de ses longues années de captivité. Après quelques années, j'ai commencé à me faire connaitre sous faux nom, aujourd'hui, je suis auteur de best-seller. Je ne me vanterais pas de ceci, puisqu'en réalité, je m'en fiche bien. Notre monde est pourri, il est impossible de le sauver. La nature humaine est la plus effrayante et dangereuse, je ne souhaite pas participer à cette mascarade.